Politiques au service des citoyens

« Contrairement à la France où les politiques peuvent se comporter comme des semi-monarques, en Suède, ils sont considérés comme redevables, au service des citoyens », remarque Marie-Pierre Richard. Cette chercheuse en sciences politiques partage sa vie entre les deux pays depuis vingt-cinq ans. « Un de mes premiers souvenirs à Stockholm, c’est d’avoir vu le Premier ministre sur une place discuter avec des habitants de l’adhésion à l’Union européenne. Sans estrade, avec un petit micro. Alors qu’au même moment, les journaux français titraient sur la sortie en métro de Balladur ! », raconte-t-elle, amusée.
Normal. Les élus suédois sont des citoyens comme les autres. Il est d’usage de les tutoyer et de les appeler par leur prénom. Dans le métro ou les allées d’un supermarché de la capitale, il n’est pas rare de croiser des ministres sans gardes du corps ni équipe de communication. À l’exception du chef du gouvernement qui bénéficie d’une voiture et d’un appartement de fonction, les représentants suédois jouissent de peu de privilèges, si ce n’est d’un bon salaire. Ils voyagent en classe éco, paient leur sandwich à la pause déjeuner et débarrassent même leurs plateaux à la cantine. […]

« Quand je reçois des délégations à Bayeux ou à Paris, les Suédois me demandent systématiquement un hôtel pas cher », confirme Isabelle Attard, députée du Calvados et présidente du groupe d’amitié France-Suéde. […]

La députée écolo, qui ne tarit pas d’éloges sur ses collègues scandinaves, est partisane de la suppression des indemnités représentatives de frais de mandat (5 805 € par mois) des parlementaires français dont l’utilisation reste opaque et peu contrôlée. Les Suédois ont opté pour une autre méthode : leurs élus sont remboursés sur facture. […]

La société civile a également son rôle à jouer dans le contrôle des dépenses, notes de restaurant, factures d’hôtel, de transport ou de téléphone sont accessibles à tous en vertu de l’ « offenlightsprincipen ». Ce « principe de transparence est un pilier de la démocratie à la suédoise. Inscrit dans la Constitution depuis 1766, il consacre l’obligation pour les administrations de fournir aux citoyens qui en font la demande anonymement et sans justification n’importe quel document officiel, à l’exception de ceux classés secret défense. […]

Au nom de ce même principe, le patrimoine et la fortune des 10 millions de Suédois relève du domaine public. Depuis 2008, toutes leurs déclarations fiscales sont accessibles sur Internet. Pratique pour épingler les sympathisants de la fraude fiscale.

Extraits d’un article de Léa Gasquet dans Siné mensuel d’octobre 2016.

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