Terres agricoles

Préserver les terres agricoles, soutenir l’installation d’une nouvelle génération et favoriser la transition agroécologique… Les enjeux qui mobilisent en France sont des enjeux clés dans toute l’Europe. Les différences sont considérables d’un pays à l’autre, notamment entre l’est de l’Europe. marquée par la collectivisation des terres et la forte polarisation entre méga-fermes et agriculture de subsistance, et l’ouest de l’Europe, ou encore entre le nord de l’Europe, où les fermes sont globalement plus grandes et où les terres sont louées, et le sud où les petites fermes en propriété familiale restent très importantes.
Malgré tout, les mêmes tendances s’observent et concourent à exercer une très forte pression sur les terres agricoles.

Les enjeux sont aujourd’hui d’une triple nature :

Préserver les terres agricoles

Dans l’Union européenne comme en France, la surface agricole est en rapide déclin. En 20 ans, l’UE a perdu plus de 21 millions d’hectares, soit l’équivalent de la superficie de la Roumanie. C’est 12 % des terres agricoles européennes qui ont ainsi été détruites (expansion urbaine, construction d’infrastructures, etc.) ou sont désormais à l’abandon.
Environ un cinquième des terres sont contaminées par des pesticides ou l’utilisation excessive d’engrais chimiques.
Cette pollution, qui affecte les sols mais aussi la biodiversité animale et végétale, l’eau, l’air et la santé humaine, s’est encore accrue au cours de la dernière décennie.

Maintenir un tissu de petites fermes

La concentration des terres est beaucoup plus forte et rapide ailleurs en Europe qu’en France. Dans l’UE, les fermes de plus de 100 hectares ne représentent que 3 % des fermes, mais la moitié des surfaces cultivées. En 10 ans, l’UE a ainsi perdu plus de 4 millions de petites fermes. Cette concentration s’accompagne aussi d’une destruction massive d’emplois agricoles (-5 millions en 10 ans), du déclin des économies et des sociétés rurales, et de dommages environnementaux. Elle est accélérée par la financiarisation de l’agriculture, marquée par l’entrée d’investisseurs non agricoles, ainsi que par le développement d’une agriculture de firmes. Aujourd’hui, les grandes entreprises agricoles contrôlent directement plus du quart des terres européennes.

Les prix des terres agricoles ont augmenté dans toute l’Europe entre 1990 et 2014. Dans certains pays, ils ont explosé : +90% en Allemagne, +200% au Royaume Uni, +400% aux Pays Bas et +700% en Pologne.

Permettre l’installation d’une nouvelle génération

L’agriculture européenne est particulièrement vieillissante : seuls 6 % des agriculteurs de l’UE ont moins de 35 ans. Plus de 3 millions d’agriculteurs vont prendre leur retraite dans les 10 ans à venir, la plupart sans successeur identifié. Qui va les remplacer ?
Le renouvellement des générations ne se fait pas spontanément et l’accès à la terre a été identifié comme l’obstacle n° 1. En cause : la consommation de terres pour des usages non agricoles, la concurrence avec les agriculteurs déjà en place, l’agriculture industrielle, et la forte augmentation du prix des terres, qui atteint 40 000 € à 6o 000 € par hectare dans certaines régions (Pays-Bas, Belgique, nord de l’Ita1ie…). De tels prix, alimentés par la spéculation foncière et les investisseurs non agricoles, entravent l’installation et empêchent souvent l’exercice
d’une pratique agricole financièrement équilibrée.

Article paru dans le numéro d’octobre de Chemins de terre la revue de l’association Terre de liens.

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