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Le burkini au service du racisme

L’affaire du burkini a été l’occasion pour nombre de crapules de rajouter leur pièce dans le jukebox du racisme. C’est toujours la même petite musique qui se met en place : un fait anodin est monté en épingle, puis les musulmans et musulmanes sont pointé-e-s du doigt, sommé-e-s de se faire discrets ou assimilé-e-s aux terroristes.
Des politiciens de tous bords en appellent aux « valeurs », eux dont la corruption morale et économique atteint des sommets. Mais ne nous y trompons pas, il y a là pour eux une aubaine pour communiquer. Grâce aux punchlines drivées par les conseillers en com, le petit foulard est agité et tout le monde fonce. Oubliez la loi travail, les attaques aux libertés publiques ou les guerres impérialistes. Pensez au voile.
Mais au-delà des phrases chocs et des polémiques racistes, c’est une entreprise de déshumanisation qui se développe. Les discours deviennent les justifications d’actes de violence et de politiques étatiques racistes : confiscation des biens des migrants en Allemagne, en Suisse ou au Danemark, jobs à 80 centimes de l’heure « réservés » aux migrants en Allemagne.
Peu à peu se met en place la politique du pire. Ne soyons pas la grenouille qui se laisse engourdir par une eau qui bout peu à peu. Notre volonté de lutter, de rassembler doit être décuplée car nombreux sont celles et ceux qui se refusent à la fatalité.

Édito du journal Alternative Libertaire de septembre 2016.

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La laïcité, oui mais.

Une question,quand même, nous taraude : est-ce qu’on va enfin faire disparaître du vocabulaire politique et intellectuel le sale mot de laïcard intégriste ? Est-ce qu’on va enfin arrêter d’inventer de savantes circonvolutions sémantiques pour qualifier pareillement les assassins et leurs victimes ?
Ces dernières années, nous nous sommes sentis un peu seuls, à tenter de repousser à coup de crayon les saloperies franches et les finasserie pseudo intellectuelles qu’on nous jetait au visage, et au visage de nos amis qui défendaient fermement la laïcité : islamophobes, christianophobes, provocateurs, irresponsables, jeteurs d’huile sur le feu, racistes, vous-l’avez-bien-cherché… Oui, nous condamnons le terrorisme, mais. Oui, menacer de mort des dessinateurs, ce n’est pas bien, mais. Oui, incendier un journal, c’est mal, mais.
(…)
Nous allons espérer qu’à partir de ce 7 janvier 2015 la défense ferme de la laïcité va aller de soi pour tout le monde, qu’on va enfin cesser, par posture, par calcul électoral ou par lâcheté , de légitimer ou même de tolérer le communautarisme et le relativisme culturel, qui n’ouvrent la voie qu’à une seule chose : le totalitarisme religieux. Oui, le conflit israélo-palestinien est une réalité, oui, la géopolitique internationale est une succession de manœuvres et de coups fourrés, oui, la situation sociale des, comme on dit, population d’origine musulmane en France est profondément injuste, oui, le racisme et les discriminations doivent être combattus sans relâche.

Il existe heureusement plusieurs outils pour tenter de résoudre ces graves problèmes, mais ils sont tous inopérants s’il en manque un : la laïcité. Pas la laïcité positive, pas la laïcité inclusive, pas la laïcité-je-ne-sais-quoi, la laïcité point final. Elle seule permet, parce qu’elle prône l’universalisme des droits, l’exercice de l’égalité, de la liberté, de la fraternité, de la sororité. Elle seule permet la pleine liberté de conscience, liberté que nient, plus ou moins ouvertement selon leur positionnement marketing, toutes les religions dès lors qu’elles quittent le terrain de la stricte intimité pour descendre sur le terrain politique. Elle seule permet, ironiquement, aux croyants, et aux autres, de vivre en paix. Tous ceux qui prétendent défendre les musulmans en acceptant le discours totalitaire religieux défendent en fait leurs bourreaux. Les premières victimes du fascisme islamique, ce sont les musulmans.

Extraits d’un article de Gérard Biard dans Charlie Hebdo du 14 janvier 2015.