Représentation et mandat

Je refuse que quiconque me représente, puisse prendre à ma place les décisions qui m’importent. OK pour mandater quelqu’un dans telle ou telle circonstance précise, pas pour lui donner un blanc-seing de plusieurs années.

Il ne s’agit pas d’entonner « Tous des pourris », la vieille antienne poujadiste. Peut-être, en effet, existe-t-il des politiciens intègres. Mais ils ne le restent guère longtemps, d’abord parce qu’ils doivent se frotter aux contingences de la realpolitik, ensuite
parce que le pouvoir corrompt inévitablement. Il est, j’en suis certain, impossible de l’exercer – ou simplement de le briguer – en restant probe. Que penser, alors, de ceux pour qui il constitue une fin en soi ? Comment accorder confiance à des bonimenteurs
interchangeables qui, tous, multiplient des promesses qu’ils savent ne pas pouvoir tenir ?
Leurs rodomontades sont grotesques, odieuses ou, au mieux, pitoyables. Et vous voudriez faire d’eux les maîtres de nos destin ?

[…]

N’allez pas, non plus, m’objecter que le choix d’un dirigeant est un mal nécessaire, un capitaine étant indispensable pour piloter le pays. Mon cul ! En France en 1871, en Russie en 1917, en Espagne en 1936, des communautés dépourvues de chefs ont fonctionné à merveille, en totale autogestion. Toutes ont été écrasées dans le sang, parce qu’elles épouvantaient les tenants de la discipline et de l’esclavage consenti.

Et puis, même si vous me faisiez avouer sous la torture que je ne crois pas davantage aux vertus de la démocratie directe qu’à celles de sa parodie républicaine, ça ne m’empêcherait pas de continuer à mépriser des institutions qui entravent ma liberté, des législations qui la musèlent, des pratiques qui la bafouent.

Extraits d’un article de Jean-Pierre Bouyxou dans Siné mensuel d’avril 2022.

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