Poison en eaux troubles

Entre Donald Trump qui cherche à rejouer Gunfight at the OK Corral dans les établissements scolaires en équipant de flingues les « meilleurs » profs, histoire d’encourager les élèves à venir au bahut enfouraillés jusqu’aux oreilles, et Macron qui, du haut de son insolente jeunesse, passe à la moulinette l’hôpital public, les transports ferroviaires et tous les acquis sociaux grignotés
par le peuple pour figurer, à côté de la sémillante Thatcher, au palmarès des cinglés du libéralisme absolu, on ne sait plus où donner du coup de boule. C’est pourquoi j’ai décidé aujourd’hui de faire dans le frais, le frétillant et le savoureux : je vais donc vous parler du saumon, ce prince des tables festives.

J’ai vite découvert que la cupidité galopante du capitalisme avait transformé la chair de ce délice en cocktail chimique mortel. Il suffit de taper les mots « saumon » et « toxique » sur le Net pour voir apparaître une flopée d’articles mortellement sérieux affirmant tous qu’un sorbet à l’arsenic et une tranche de saumon sont d’une dangerosité équivalente. Sous les fermes de saumon parsemées à travers les fjords norvégiens s’est formée une couche de déchets de 15 mètres de hauteur, débordante de bactéries, médicaments et pesticides. La maladie du pancréas et le virus de l’anémie infectieuse se répandent à travers la Norvège.
Les souris nourries au saumon d’élevage crèvent de diabète et d’obésité et, cerise sur la dame, cette saloperie se répand partout et provoque des modifications génétiques qui contaminent les morues. Et comme rien ne se perd, les peaux de poissons sont recyclées dans les cosmétiques et le reste des déchets dans les plats cuisinés.
Je ne suis pas méchant mais j’ai quelquefois envie d’en servir à mes copains « de gôche » qui ont voté Macron pour « faire obstacle à la droite ».

Article de Patrick Raynal dans Siné mensuel de mars 2018.

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