Philippe Val retourne sa veste

Quand Bourdieu publie Les Nouveaux Chiens de garde, de Serge Halimi, livre honni par BHL et sa bande, Philippe Val titre ironiquement son édito : « Les BHL se rebiffent ». « Ce livre a poussé ceux qu’il mettait en cause (les intellos) à se disculper. À patauger. À s’enfoncer. À se ridiculiser toujours davantage […]
On trouve, pêle-mêle, l’incroyable bric-à-brac philosophico-littéraire qui fit ressembler les années 80 à un sapin de Noël scintillant d’inutilités clinquantes : BHL, Sollers, Gallo, Debray, Julliard, Finkielkraut, Luc Ferry, etc. […] Et si jamais tu oses prétendre qu’il y a quelques raisons politiques à la misère du monde, c’est que tu es une ordure stalinienne […]

Mais nos penseurs qui ont déjà beaucoup – argent, gloire, table ouverte dans les médias les plus prestigieux – voudraient en plus qu’on les aime pour avoir été les serviteurs de ceux qui nous ruinent […]. Il faudra qu’ils se fassent une raison : ils sont connus, oui, mais aimés, pas trop […].

Prononcez les noms de ces têtes pensantes dans un amphi d’université aujourd’hui provoque à tous les coups une hilarité libératrice qui, loin de témoigner un mépris pour les intellectuels, exprime au contraire l’attachement aux valeurs de raison, de justice et de vérité qui justifient la philosophie. »

Val défendait alors ceux que BHL détestait comme Pierre Bourdieu : « Bourdieu sociologue au pays de la liberté, de l’égalité, de la fraternité travaille depuis quarante ans à mettre en lumière les rouages sociaux de l’inégalité. […]
Il contraint nos penseurs reconvertis en animateurs de télévision à prendre les armes pour exécuter celui qui ose faire le métier qu’eux-mêmes ont dévoyé en se mettant au service de Bouygues et Lagardère, et en entretenant savamment la confusion sémantique entre libéralisme et liberté. Ils ont servi de masque idéologique à la faillite de millions d’hommes et ils voudraient en plus qu’on les reconnaisse. Il faudra qu’ils se contentent du fait qu’on les a repérés. » Et d’ajouter : « Le film de BHL avec Alain Delon, promu par tous les médias, a fait un bide. Le livre de Bourdieu fait un triomphe. Si ça ne vous rend pas joyeux au point d’éclater de rire, c’est que vous avez un mauvais caractère. »

[…]

Et puis, en novembre 2007, Val retourne sa veste et pond une chronique dithyrambique sur le dernier livre de BHL, Ce grand cadavre à la renverse. On peut y lire, entre autres : « BHL s’est rarement trompé politiquement. »
[…]

Extraits d’un article de Catherine Weil Sinet dans Siné mensuel de septembre 2017.

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