J’ai développé un cancer de la thyroïde pendant que j’exerçais mon activité professionnelle (Patrice Girardier était technicien de maintenance nucléaire pour une filiale d’0rano, ex-Aréva).
La médecine du travail et la sécurité sociale ont considéré que ce cancer était probablement d’origine génétique. Puisque 95% des cancers de la thyroïde sont d’origine accidentelle, industrielle et professionnelle, la lecture statistique qu’en fait le corps médical est pour le moins surprenante, pour ne pas dire abusive.

À l’issue de ce cancer, j’ai été déclaré invalide, et comme mon employeur n’avait pas d’autre poste à me proposer, j’ai été licencié. Fin de l’histoire pour l’employeur et la sécurité sociale, mais pas pour moi, car je conteste cette décision.

Grâce au site de l’association Ma zone contrôlée et au soutien du Réseau Sortir du nucléaire, je suis contacté par une personne qui est interpelée par mon cas. Il lui apparaît un certain nombre d’incohérences. Elle se demande comment l’entreprise peut se dédouaner de toute forme de responsabilité sur mon exposition et sur quelles bases médicales la médecine du travail et la sécurité sociale, peuvent exclure tous risques professionnels.

Afin de corréler ce premier constat, elle me demande de récupérer mon dossier médical auprès du Laboratoire de biologie médicale de Saint-Denis. Ce que je tente de faire en leur adressant un courrier avec accusé de réception, avec justiftcatif d’identité tout en demandant une liste détaillée des informations avec justification de traçabilité et rapports techniques de mesures.

La directrice bottera en touche, tout en m’invitant à prendre contact avec mon médecin du travail. Cette réponse est pour le moins étrange. En effet, tout patient a un droit d’accès à son dossier médical s’il en fait la demande explicite, celui-ci n’étant pas la propriété, ni du laboratoire, ni du médecin.
[…]
La directrice, en conditionnant un passage obligé par la médecine du travail, qui elle-même refuse de me recevoir, me prive des données qui sont la base de ma contestation. À en croire l’étrange attitude de la médecine du travail, il semble apparaître que « le téléphone ait bien fonctionné ». Comment fait-on alors pour accéder aux éléments médicaux en pareille situation ?

J’adresse un second courrier : aucune réponse. Puis un troisième courrier avec copie auprès des autorités de contrôles, dont l’Autorité de sûreté nucléaire.
À ce jour, je n’ai toujours reçu aucune réponse.
[…] vous vous rendrez vite compte que vous êtes bien seul et démuni devant un monstre qui use et abuse de moyens totalement illégaux pour faire barrage, au plus basique des principes, celui de pouvoir se défendre sur la base de documents officiels qui vous sont normalement accessibles. […]

Quand les autorités de contrôle et le Laboratoire font barrage en se distinguant par leur silence, cela soulève des questions qui rendent légitimes les suspicions.
[…]
Toute personne susceptible d’avoir été exposée est en droit de contester un refus de reconnaissance en maladie professionnelle et doit pouvoir accéder à
son dossier médical pour faire valoir ses droits.
Quand les moyens légaux sont verrouillés, il existe d`autres moyens, notamment celui de la mobilisation pour faire pression.
C’est pourquoi je vous demande de relayer ce message massivement, pour que ce genre d’entrave ne soit plus la règle et qu’un maximum de personnes soient au courant de ce genre de pratique totale-
ment illégale mais cautionnée par les autorités.

Extraits d’un article de Patrice Girardier dans la revue Sortir du nucléaire du printemps 2017.

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