Mondialisation dumping

La mondialisation est un processus dynamique et multidimensionnel d’intensification des échanges entre les différentes régions du monde. Elle peut être culturelle, scientifique, humaine, financière, commerciale…
Elle est positive quand elle stimule l’interconnaissance, la coopération entre les peuples ou la circulation des valeurs démocratiques et féministes, comme on l’a vu avec les printemps arabes ainsi que les récents mouvements internationaux pour le climat ou contre les violences faites aux femmes (#MeToo, Ni una menos…).

Mais la mondialisation néolibérale enchevêtre les systèmes productifs et urbains, les met en concurrence et les fragilise à l’extrême en faisant des populations et de la nature des variables d’ajustement.
Son premier pilier est la circulation effrénée des marchandises et des capitaux, ainsi que de certains groupes sociaux affairés. « Effrénée », parce que cela dit mieux que « libre » le refus des limites et l’égarement qui en résulte. Les firmes transnationales jouent sur la logique du moins-disant face aux législations nationales du travail ; elles usent et abusent du marketing, des logos et de la publicité pour accroître les dividendes versés aux actionnaires.

Il s’ensuit un quadruple dumping : écologique, avec la délocalisation des usines polluantes ; social, puisqu’elles choisissent des pays où les salaires sont misérables et les syndicats muselés ; fiscal, avec leurs milliers de filiales dans des paradis fiscaux et réglementaires ; démocratique, enfin, car les gouvernements se soumettent aux désirs des marchés financiers qui financent leur dette et signent des dizaines de traités bilatéraux de libre-échange, instaurant une justice parallèle favorable aux investisseurs pour sanctionner les États dont les lois réduiraient leurs profits.

Le découpage de la production façon puzzle en chaînes de sous-traitance labyrinthiques constitue le second pilier de cette mondialisation. Ainsi, Apple répartit la production de ses iPhones dans huit pays différents, de la conception aux États-Unis à l’assemblage en Chine, en passant par la fabrication de l’écran tactile ou des processeurs au Japon ou en Corée du Sud, sans oublier l’extraction des matières premières en Afrique et en Chine.
L’industrie pharmaceutique fait de même : la pénurie de tests a révélé, au prix de dizaines de milliers de morts, que 60 % à 80 % des principes actifs de médicaments étaient fabriqués en Chine ou en Inde, nous plaçant à la merci de toute interruption du commerce mondial.

Extrait du livre Ce qui dépend de nous, Manifeste pour une relocalisation écologique et solidaire, de l’association Attac.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *