Lutte de classe pour la santé

« L’esprit d’une nation réside toujours dans le petit nombre qui fait travailler le grand, est nourri par lui, et le gouverne ». Écrite par Voltaire dans son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, cette phrase sur les puissants, les gens d’argent, les castes et les clans est toujours d’actualité. Les riches s’enrichissent pendant la crise du Covid-19 alors qu’un grand nombre de gens des classes moyenne et pauvre meurent ou s’appauvrissent.

[…] Ce qui est vrai sur l’ensemble du pays se décline à l’hôpital. Malgré l’épidémie, la concurrence n’a pas marqué de pause. Pire, elle s’est intensifiée. Les gros établissements hospitaliers ont avalé les petits. Les fermetures de lits se poursuivent, comme prévu, au mépris de la prise en charge des malades. À l’hôpital, c’est la lutte des classes à tous les étages entre médecins et personnels. Ce virus est social, économique culturel et sociétal, il tape et tue d’abord les plus faibles.
Prenons les Antilles et la Guyane. Le coronavirus et son variant Delta ont fondu sur les Caraïbes déjà en souffrance du fait de l’obésité, du diabète, de l’hypertension artérielle et de la pauvreté.

[…] L’hôpital de Guadeloupe, le centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre, détruit par un incendie au mois de novembre 2017, n’est toujours pas reconstruit. Manque de moyens. Pire, la demande des élus pour bénéficier de médecins et d’un système de santé digne de ce nom n’a jamais abouti.

[…] Ce virus a montré que les pays d’extrême droite laissent mourir leur population, comme le Brésil de Bolsonaro et les États-Unis de Donald Trump. Quant aux vaccins, qui auraient dû être patrimoine de l’humanité, ils sont devenus objets de commerce et font exploser les actions des entreprises pharmaceutiques. Les riches s’enrichissent.
Les pays pauvres, et notamment ceux d’Afrique du Nord, voient s’effondrer leur population dans le silence des médias français et sans que les groupes pharmaceutiques donnent les vaccins. L’Italie s’est fendue d’un don de milliers de doses à la Tunisie, mais c’est bien dérisoire.
Vous croyez que c’est terminé ? Pas du tout… Les variants menacent. Le Delta remet en question une partie de l’efficacité du vaccin. C’est très inquiétant car si les vaccins se montrent inefficaces contre un prochain variant, il faudra en trouver d’autres et de nouveau vacciner tout le monde. Mais pendant ce temps, un petit nombre de patrons des industries pharmaceutiques se goinfrent de pognon en regardant les démocraties tomber vers l’extrême droite et les plus pauvres mourir. Plus que jamais, la lutte de classes est d’actualité.

Extraits d’un article de Patrick Pelloux dans Siné mensuel de septembre 2021.

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