Les chiens de garde attaquent la Nupes

Aussitôt Emmanuel Macron réélu, les chiens de garde sécurisaient le périmètre de la « démocratie » en étouffant les critiques. Dire du président qu’il a été « mal élu » ? C’est « ébranler la légitimité du vote, et par là même les fondements de la démocratie représentative » pour Le Monde. C’est « alimenter une défiance dans les institutions, dans notre système démocratique » pour David Pujadas. Des syndicats qui souhaitent être pris en compte ? « C ‘est factieux ! » s’indigne Jean-Michel Aphatie. Ce n’était là qu’un début.

Pour Mathieu Bock-Côté (Europe 1, 27 avr.), « Jean-Luc Mélenchon veut accélérer la crise de régime », tenter « un coup de force » et « un dernier tour de piste avant de se laisser momifier vivant à la manière d’un petit Lénine français vénéré et contemplé par tous les sectateurs de la Révolution ». […]

L’éditocratie poursuivra précisément sur cette lancée. À commencer par Catherine Nay (Europe 1, 30 avr.) : Si ça ne se passe pas comme prévu, « il faudra aller chercher la victoire dans la rue pour faire avancer la société ». Qui le dit ? C ‘est la Clémentine Autain [sic]. Vous savez avec son joli sourire et ses yeux myosotis. Et elle dit ça sans être morigénée par quiconque, c’est sa vision de la démocratie ! Ça s’appelle le fascisme à visage humain.
Dans Le Figaro (6 mai), Ivan Rioufol monte d’un cran : « S’il y a un totalitarisme qui vient, c’est au cœur de la gauche marxiste et révolutionnaire qu’il faut le traquer, comme toujours historiquement. » Et de poursuivre : « L’entourloupe sur « le cordon sanitaire » a permis à l’extrême gauche, sectaire et violente, de se comporter en terrain conquis. Oui, il y a un danger pour la République. Mais il est à débusquer dans la stratégie d’infiltration insurrectionnelle du soi-disant Insoumis. »

[…]

Sur LCI (6 mai), Jean-François Kahn qualifie sans rire les Insoumís de « néo-bolcheviks ». « Un parti factieux, séditieux ? » interroge de son côté Frédéric Haziza (Radio J, 8 mai). « Une secte » affirmait deux jours plus tôt Philippe Val (Europe 1, 6 mai) : « Une secte dont certains militants se radicalisent sur Internet, […]
Le 2 mai, date de l’accord entre La France insoumise et Europe Écologie Les Verts (EELV), David Reyrat, journaliste sportif au Figaro, synthétise : « Pour être certain de ne pas être coincé dans une faille temporelle. On parle bien en 2022 de porter au pouvoir en France des trotskistes, des maoïstes, des communistes, des khmers verts. En 2022. En France. C’est bien ça ? Vous confirmez ? » (Twitter, 2 mai, tweet supprimé depuis). Franz-Olivier Giesbert confirme dans Le Point (5 mai) : « La haine est en marche et rien ne semble pouvoir l’arrêter. » On ne le lui fait pas dire… « Certes, nous ne sommes pas en 1789 quand la populace saccageait et pillait tout sur son passage. Il y a en ce printemps ensoleillé mais saturnien beaucoup d’électricité dans l’air, une violence verbale peu ordinaire, en particulier du côté des chefs à plume de la France insoumise. » Et le non-violent-Verbal de qualifier les responsables insoumis de « mufles » et de « braillards », quelques lignes seulement avant de fustiger la « décomposition démocratique » du pays : « Une partie des « élites » de la France d’en haut commence à basculer dans l’extrémisme de gauche ». Diantre ! L’élite médiatique, au moins, aura été épargnée.

Extraits du numéro de juillet 2022 de Médiacritique(s), magazine trimestriel d’Acrimed.

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