Les cancres en écologie

Que ce soit Élisabeth Borne (Première ministre, chargée de la planification écologique et énergétique), l’invisible Christophe Béchu (Transition écologique) ou l’inénarrable Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique), aucun ne s’est rendu à la formation express proposée par des scientifiques lors de la rentrée parlementaire du début de l’été. Or celle-ci était fort intéressante : ces experts prenaient le temps d’expliquer le cycle du carbone, et l’implication de celui-ci dans le réchauffement progressif de l’atmosphère. L’occasion de comprendre qu’affirmer, comme Élisabeth Borne, qu’on va réduire les émissions de carbone, et en même temps autoriser l’ouverture d’un terminal méthanier, importateur de gaz de schiste, est contre-productif. Voire idiot.

 

Prenons un postulat audacieux : Élisabeth, Christophe et Agnès ont à peu près compris l’équation de base : émissions carbone balancées dans l’atmosphère en surplus = réchauffement = incendies et emmerdes, etc. Mais leur crayon s’emmêle si on introduit le BTP. Ils sèchent quand on leur démontre que plus de béton et de routes = plus de CO2 = plus d’emmerdes, etc.

Il est temps de leur ouvrir 1’esprit et de réfléchir autrement. La pensée systémique propose d’envisager tout sujet en partant du principe qu’il fait partie d’un système. Une façon de voir conduisant à favoriser le choix d’une politique posant comme postulat que l’humain fait partie d’un écosystème qu’il s’agit de ne pas bousiller. Fini les projets « structurants » prenant uniquement en compte leur « potentiel » économique (qui se révèle souvent pur fantasme).

Désormais, transports et énergie sont vus comme des maillons d’une chaîne, impliquant la ressource alimentaire (agriculture), mais aussi l’eau, le sol, la biodiversité, la gestion du carbone. Le tout en interdépendance. […]

 

Mais former Élisabeth, Agnès et Christophe à la pensée systémique, même professée par de grands pontes de l’économie et de la philosophie politique, ne suffira pas à leur faire oublier le mythe tenace de la technologie-viendra-nous-sauver à la sauce start-up nation. Ainsi l’argent va-t-il prioritairement arroser les innovations technologiques en agriculture, là où un soutien des activités agrobiologiques, et des petites structures, nous garantirait à coût bien moindre une alimentation de qualité (et du boulot pour les gens).

Expliquer à nos trois lascars que financer l’accès à la terre est une priorité, quand les grands groupes accaparent les meilleures parcelles. Leur parler système alimentaire local en mettant en avant l’exemple de villes en transition comme Lyon. Leur faire suivre le parcours de l’eau à l’échelle d’un bassin versant, afin qu’ils comprennent que creuser des bassines ne sauvera pas l’agriculture, pas plus que recueillir de l’eau dans un seau n’a jamais réparé un toit. Leur soumettre le principe d’attribuer des subventions en fonction non du poids des groupes de pression, mais de projets de territoire impliquant tout le monde, validés par des instances scientifiques (qui existent, y a qu’à les écouter).
Interdire à la FNSEA d’entrer dans le bâtiment pendant la formation. Et éloigner les suppôts de l’agriculture hightech sans paysan fantasmée par Xavier Niel.

Extraits d’un article de Blandine Flipo dans Siné mensuel de septembre 2022.

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