Le monopole de la distribution des médicaments

Et si au lieu de privatiser à tour de bras, on rendait à l’État, c’est à dire à nous tous, ce qui ne devrait jamais devenir un marché ? Si on arrêtait d’engraisser les lobbys pharmaceutiques ? On nous rebat les oreilles avec le trou de la Sécu. Trop de vieux, trop de malades pèsent sur les comptes.
Avons-nous les moyens de nos cancéreux, nos greffés, nos éclopés ? Il paraît que non. On fustige les abus des tricheurs. C’est quoi, un tricheur à la Sécu ? C’est quelqu’un qui prétend se faire soigner alors qu’il a même pas la carte vitale, le salaud ! Pauvre ou malade, il faut choisir.

Quand on sera redevenu un pays riche transpirant la grandeur, on pourra tomber malade, c’est promis. Mais là, on a plus les moyens. Va falloir ramener l’espérance de vie à la cinquantaine, autrement on est foutus.

Ça fait peur, hein ? Rassurez-vous ! Ça n’arrivera pas ! Les trusts pharmaceutiques n’aiment pas que les gens meurent, ça leur bouffe le bénef. Ils veulent des malades chroniques, sous traitement à long terme. Ils mettent au point des produits parfois inutiles, parfois dangereux, mais toujours remboursés. Par nous. Font de la pub, organisent des congrès de toubibs, lobbyisent à tout-va. Imposent leur loi.

Et si on se débarrassait de ces affreux ? Si l’État avait, comme en Suède, le monopole de la distribution des médicaments ? Imaginons des officines où on ferait exécutter les ordonnances. Des espaces sans publicité, sans marques, sans chichis, aux murs couverts de tiroirs. Derrière le comptoir, un préparateur assemblerait la quantité exacte de comprimés nécessaires au traitement. La Sécu rembourserait les pilules, pas les boîtes, flacons, blisters, opercules et autres emballages sophistiqués qui polluent la planète et alourdissent l’addition.

Les bazars à croix clignotante qui fourguent tout et n’importe quoi rejoindraient les très prospères parapharmacies, feraient du commerce.

Les groupes pharmaceutiques qui grugent la Sécu, vampirisent la collectivité et exploitent les malades auraient mangé leur pain blanc.

Article d’Isabelle Alonso dans Siné mensuel de novembre 2015.

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