Le cynisme de la caste dirigeante

La « Berlusconisation de Sarkozy » est révélatrice du sentiment d’impunité toujours plus fort au sein de la classe politique, écrit Josep Ramoneda dans le quotidien espagnol El País. Bien que son crédit politique soit entamé à Paris, il semble que dans la «bulle parisienne» il soit toujours traité avec déférence par les journalistes serviles qui l’ont interviewé lors de sa sortie de garde à vue la semaine dernière.
Sarkozy a brisé l’aura de la fonction présidentielle, en faisant de sa vie privée un spectacle, comme un adolescent le ferait sur Facebook. Tous les jours, il promettait la révolution française, mais a gouverné sans jamais mener une seule réforme. Il a fait de la télévision de ses amis son bras idéologique. Il a critiqué le système institutionnel, mais n’a rien fait pour le changer. Quand Marine Le Pen a commencé à monter en puissance, il n’a pas hésité à reprendre à son compte des éléments xénophobes du programme de l’extrême droite, et à s’en prendre aux Roms, explique le journaliste.
Ramoneda définit lui-même «la Berlusconisation »:
Un modèle politique fondé sur l’idée que tout est permis au nom de l’argent, sur la normalisation et la légalisation des privilèges des riches, sur le mépris des institutions de l’Etat et sur la tentative de contrôler la société par le truchement du monopole de l’audiovisuel ».
D’après Ramoneda, l’exposition d’un pouvoir ostentatoire combinée avec un cynisme populiste issu de l’extérieur afin de se sortir des embûches politiques a eu pour effet de remplacer l’axe gauche droite de la politique traditionnelle par une opposition entre l’élite et le peuple. Cela vaut aussi pour l’Espagne, où Mariano Rajoy est mis en cause dans l’affaire ’Barcenas’, une affaire de corruption.
Ramoneda établit le lien entre le mépris de cette « caste » et les phénomènes de corruption, et la montée des populismes. Il met en garde contre les conséquences possibles d’une telle confrontation entre cette élite sans scrupule et le public en colère :
L’histoire montre, du moins en Espagne, que, dans ces cas, l’argent et les militaires finissent toujours par pencher du même côté ».

Article de Mylène Vandecasteele sur le site express.be.

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