La bourgeoisie au pouvoir

[…] le taux d’abstention, de bulletins blancs ou nuls aux législatives, mais aussi la présence du Front national comme marche-pied pour Macron à la présidentielle, ou encore la mise sur un piédestal du futur président par une large partie des médias dominants pendant toute la campagne sont autant d’arguments à faire valoir plus largement pour refuser toute légitimité au président et à son gouvernement. […]

En bref, Macron a clairement été élu à la faveur d’un concours de circonstances et non par adhésion des travailleurs et des travailleuses à son programme. Plus fondamentalement, Macron a annexé l’espace politique hier convoité par Bayrou comme par Valls, où la bourgeoisie dans son ensemble, qu’elle soit de tradition social-démocrate ou libérale-conservatrice, peut se retrouver et constituer une force peu menacée par l’alternance.

Avec Macron, la bourgeoisie peut enfin échapper aux querelles intestines stériles qui l’empêchent de saper totalement les intérêts des classes populaires, et instaurer un paradis libéral où les dominants pourront s’enrichir encore plus sur le dos des plus modestes. C’est une autre raison de refuser toute légitimité à ce Président et ce gouvernement faits par et pour les catégories dominantes de la société. La composition sociologique du groupe de la République en marche à l’Assemblée, comme celle de son électorat, renforce cette idée d’une annexion du pouvoir politique par la bourgeoisie.

Le contenu des réformes voulues est certes encore flou, mais pas assez pour qu’on ne voie pas que, en effet, il sert les intérêts des capitalistes. En claironnant vouloir rapprocher les négociations du « terrain » de l’entreprise, en donnant priorité à l’accord d’entreprise sur l’accord de branche ou le Code du travail, le gouvernement entend surtout rendre les négociations plus difficiles pour les syndicats et les salarié.es, en situation de faiblesse sur ce « terrain » où le patron est roi.

Le plafonnement des dommages-intérêts pour licenciement abusif a également pour but de rendre les salarié.es dociles, puisque susceptible de se faire éjecter pour n’importe quelle raison, à n’importe quel moment, leur employeur n’ayant au pire qu’à s’acquitter d’une obole dont le montant maximum est déterminé à l’avance (et qui peut donc être prévu par une simple ligne sur un livre de compte).

Extraits d’un article de Vincent dans Alternative Libertaire de juillet-août 2017.

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