Jean- Michel Blanquer et Amazon

Tous les élèves de cours préparatoire et de CE1 ont été évalués en début d’année scolaire. Non seulement la pertinence de ces tests est contestée par les enseignants mais, surtout, les résultats sont conservés par le géant Amazon. Étonnant, non ?

Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, est un fervent défenseur des tests à tout-va. Les dernières évaluations des élèves de CP et de CE1 se sont achevées avec leur lot d’absurdités.
Ainsi, l’énoncé commun aux CE1 (les gamins ont 7 ans !) parle de « sommeil paradoxal » ou de « glande pinéale » du cerveau. Des exercices prétendument rédigés par les « meilleurs scientifiques » sélectionnés par le ministre en personne ! Jeanne, professeure des écoles dans le 19e arrondissement de Paris, raconte : « On a vu des enfants pleurer devant leur copie car ils ne comprenaient rien. Ils pensaient qu’ils allaient être grondés. »

Le SNUIPP-FSU, principal syndicat des enseignants du premier degré, s’insurge en pointant du doigt ces méthodes qui ne respectent pas « les apprentissages réels des élèves ». Et ajoute que « ces évaluations placeront artificiellement la majorité d’entre eux en situation d’échec et de stress important ».

Les résultats de cette année sont peu reluisants. Un élève sur deux a des difficultés en calcul mental en début de CE1 et 25 % des élèves de CP ont des difficultés à reconnaître les lettres et le son auquel elles correspondent. La solution du ministère ? Blanquer annonce sans rire que les professeurs disposeront d’un « kit pédagogique sur Edusco1.fr pour faire avancer les élèves sur les différents sujets ». De quoi remonter le moral des instits !

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Une enseignante référente pour les usages du numérique (Erun) a découvert que les données récoltées auprès de 1,6 million d’écoliers sont stockées et gérées par Amazon, en Irlande, en violation du règlement général sur la protection des données (RGPD) en vigueur depuis le 20 juin.
Étrange coïncidence : l’ancien directeur du numérique à l’Éducation nationale, Mathieu Jeandron, a justement été embauché par Amazon Web Services au printemps dernier. Ce choix est une suite
logique dans le parcours de ce polytechnicien qui poussait pour que les outils pédagogiques Google for Education et Microsoft for Education soient largement utilisés dans nos écoles. Alerté, le ministère se défend en avançant que « dans le cadre du processus d’évaluation des élèves, […] Amazon Web Services n’ont [pas] accès aux données à caractère personnel des élèves ou des professeurs ».

Reste la durée de conservation de ces données. Le ministère ressort son bouclier et explique qu’elles seront anonymes dès la cinquième année après la sortie de l’élève du circuit scolaire. Donc, les résultats avec nom, prénom, année de naissance et plus si affinités resteront accessibles pendant les cinq premières années après la scolarité. Adieu l’anonymat. Surprenant quand on connaît les craintes de fichage de nos bambins par les Gafam (Google-Amazon-Facebook-Apple-Microsoft).

Le Collectif national de résistance à Base élèves lutte contre tous les fichiers scolaires.
Article de Maxime Carsel dans Siné mensuel de novembre 2018.

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