Idéologie libérale

Il est aujourd’hui d’autant plus difficile de s’extraire de l’idéologie libérale qu’une large partie de la population l’a intégré comme un phénomène naturel : « c’est le propre du point de vue dominant que de pouvoir se nier comme point de vue particulier », rappelle Frédéric Lordon (lire Charlot ministre de la vérité.
C’est surtout le propre de tous les fanatismes que de prétendre échapper à leur subjectivité. Et ils s’en trouvent nombre en position minoritaire. Pis, cette normalisation est conduite au nom de la liberté des individus, et même de leur anti-conformisme. « Think different » martèle la pub pour engendrer le désir du même produit. D’où ces armées de zombies rivés sur leur portables ânonnant les mêmes poncifs libéraux – « Nous sommes tous différents », « Ça a toujours existé de tous temps », « Il faut accepter les évolutions », « il faut être positif », etc. -, tous convaincus d’être des esprits libres et mêmes rebelles.

Violence du sans limite

Dans cette perspective libérale chacun est compris comme autosuffisant, auto-engendré. Cette toute-puissance a son revers : chacun est renvoyé à son unique responsabilité. Celui qui ne réussit pas est entièrement responsable de son échec. Rien ne dépasse l’individu dans la société des atomes des Macron et Thatcher. La double peine y est constante : celui qui échoue se voit refuser toute analyse du contexte qui aurait pu produire ou concourir à son échec. Aucune cause sociologique ne pourrait l’aider à le comprendre car, comme l’explique un des phares de cette double pensée. Philippe Val « la sociologie mène à l’antisémitisme. »
Penser le Nous y relèverait au mieux de la bêtise. plus sûrement du proto-hitlero-bolchevisme (Ferry).
Celui qui parle d’homosexualité est aussitôt soupçonné d’être soit homosexuel soit homophobe. celui qui théorise sur le « transgenre » est renvoyé à un supposé problème d`identité sexuelle, celui qui conteste les riches à son incapacité de le devenir. etc.
Vous avez mauvaise mine parce que la vie ne vous a pas fait de cadeau ? « Ce qui se passe à l’extérieur, n’est jamais que le reflet de ce qui se passe à l’intérieur », répond Cyril Dion des Colibris dans son magazine Kaizen.
Le mieux serait de rejoindre un stage de développement personnel. L’argent, l’amour et la santé vous viendraient alors naturellement, en même temps qu’un teint hâlé et une dentition parfaite de grine-pipole.
L’étude psychologique est réduite à une sorte de psychologisme dégradé relevant du commérage de magazines. Cette société qui ne fait plus société se brutalise sournoisement et rapidement, sous le prétexte souriant et « cool » de l’émancipation des individus de toutes contraintes.

Extrait d’un article de Vincent Cheynet dans le journal La Décroissance de mai 2017.

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