Dépakine

[…] Sanofi, pour fabriquer la Dépakine, a rejeté dans l’atmosphère, pendant des décennies, des substances cancérigènes, mutagènes, 190 000 fois plus que la norme autorisée.

[…]
– C’est quoi, ça « Indulacq ?, je demande.
– C’est le regroupement des industriels du coin
– C’est eux qui organisent l’étude ?
– Ben oui.
– Donc ils vous font remplir tout ça pendant des mois, et vous leur rendez les résultats ?
– Oui.
– Et après ?
– Rien. Si, ils s’engagent à « faire d’autres études ». Ou à faire des travaux, mais ça leur coûte une blinde, alors ça traîne. Le temps des industriels n’est pas celui des riverains.
– Mais les élus, ils ne disent rien, quand les habitants leur remontent tout ça ?
– Déjà, les gens ne parlent pas, car beaucoup d’emplois sont en jeu. Ils ont peur. « Vous allez conduire à la fermeture du site, après, vous viendrez vous plaindre », ou « c’est bien ce que tu
fais, mais moi mon frère travaille chez eux, je ne peux pas », c’est ce qu’on me dit. Et les élus, ils nous disent que sans les industriels, ici, on ne serait rien. David Habib, le député, il m’a dit « Vous le saviez quand vous avez acheté ici » !
Son refrain, c’est : « Nous, ici, on a la culture du risque. »
Il a même traité les associations de riverains de « terroristes ». Début juillet, y a eu une réunion de la Commission de suivi de site. Y avait monsieur le Préfet, les élus, des maires, et des industriels. Moi, j’ai pas assez d’expérience pour parler devant tout ce monde. Les élus devaient le faire. Mais y en a pas un qui a posé une question pertinente. Pas un. Je suis ressortie de la sidérée. Ils nous baladent.

À Mourenx, en pleine ville cette fois, le docteur Marie-Christine Balasque tient son cabinet à la lisière d’un quartier populaire, entre PMU et barres d’immeubles.
« Un épisode m’a choquée, vraiment. Il y a quelques années, on nous demande de faire une formation spécialisée, pour remplacer une compagnie de pompiers qui partait. Moi, je pensais qu’on allait nous donner des éléments sur les risques toxiques et sanitaires dans le bassin de Lacq. J’ai posé des questions sur le sujet, mais on m’a répondu : « Non, on n’en parle pas, secret industriel. »

Alors, on se dit qu’on nous cache des éléments. Mais on n’a pas de preuves.
– Y a pas d’études sanitaires, épidémiologiques, ici ?
– Non. Rien…

C’est l’eldorado des industries, dans le coin. Quatre pôles sur quelques kilomètres carrés, parsemés d’usines chimiques qui crachent leurs résidus à longueur d’années, depuis un demi-siècle. Et dans la population, des fratries dont tous les enfants sont autistes, une explosion des cancers rares chez les jeunes, de démence ou de maladie d’Alzheimer.
« Là, actuellement, c’est les cancers du pancréas, ça monte en flèche » …

Extraits d’un article de Cyril Pocréaux dans le journal Fakir de janvier 2019.

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