Capitalisme et démocratie

À l’automne 2013, le GIEC, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, annonçait que la hausse moyenne de la température terrestre pourrait atteindre 5 degrés d’ici 2100. Notre système nous conduit donc tout droit à une catastrophe écologique.

Et même s’il n’en était rien notre monde est de toute façon à repenser, car profondément injuste. Ne citons à cet égard qu’un seul chiffre : 1 % d’ultra-riches dans le monde détiennent 50 % du patrimoine mondial. Selon l’ONU, pour éradiquer la faim dans le monde, il faudrait seulement 40 milliards de dollards par an. On nous dit que l’on ne sait pas où trouver cet argent. Pourtant, le budget militaire mondial est de 1 200 milliards de dollards par an et le budget publicitaire, de 500 milliards de dollards par an. Cherchez l’erreur.

Par ailleurs, passer sa vie à travailler pour rembourser des crédits, est-ce cela qui rend heureux ? Dans le monde, trois salariés sur quatre avouent ne pas trouver de sens à leur travail… Leur unique motivation est l’accès à la consommation que celui-ci leur permet. Et lorsque l’on parle de travail, encore faut-il rappeler qu’il y a dans le monde 200 millions de chômeurs et 1.5 milliard de travailleurs pauvres (2 dollards US par jour)…

Notre système échoue donc complètement sur un plan écologique, social et même économique. Et pourtant on nous ressasse les oreilles avec la « croissance » comme « moteur du progrès ». Comment en sommes-nous arrivés là ? Au XVIe siècle, Montaigne définissait le progrès comme « un chemin vers la vertu ». C’est au XIXe siècle que le philosophe anglais Herbert Spencer, par ailleurs ingénieur des chemins de fer, va faire rimer progrès avec capitalisme. Ainsi, en 1882, l’américain Andrew Carnegie, créateur du trust de l’acier, invite Spencer à New York et organise un banquet en son honneur. Les capitalistes de la côte est font un triomphe à celui que l’on considère comme le père d’une « théodicée du capitalisme sauvage ».

Alors, sommes-nous condamnés à rester esclaves de ce « capitalisme sauvage » ? Pour se libérer, encore faut-il déclarer qu’une situation est insupportable afin de pouvoir se révolter. C’est ce qu’on fait les descendants des Mayas, dans l’État du Chiapas, au sud du Mexique, le 1er janvier 1994. Cette date est celle de l’entrée en vigueur de l’Alena, l’Accord de libre-échange nord-américain. Pour les indiens mayas, l’Alena fait partie de la « quatrième guerre mondiale » qui, en soumettant les peuples et les États à la logique néolibérale, tend à les détruire. C’est pourquoi ils se sont constitués en une Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), afin de réclamer la démocratie, la justice et la liberté. Ils vivent aujourd’hui selon les règles d’une démocratie directe radicale. Et nous, que que faisons-nous en Occident ?

Texte de Florence Leray dans le journal La décroissance de mars 2014.

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