Amazon détruit l’emploi et élude l’impôt

Pour justifier le développement d’Amazon, l’argument des créations d’emploi est fréquemment invoqué par ses dirigeants. Pourtant, une étude récente sur la situation dans plusieurs pays européens, citée par Les Amis de la Terre, prouve le contraire.
« Pour le commerce non-alimentaire au sens large, si l’on établit le solde des créations/destructions pour les commerces de détail et de gros, la France a perdu plus de 80 000 emplois entre 2009 et 2018 » du fait du développement du e-commerce. L’étude démontre
que ce sont les commerces de proximité qui sont les plus durement touchés : « Un emploi créé dans les entreprises de plus de 250 salariés via l’expansion du e-commerce entraîne la destruction de six emplois dans les entreprises de moins de 250 salariés ». Et de conclure : « Les scénarios prospectifs prévoient entre 46000 et 87000 emplois détruits en France d’ici 2028 en fonction de la progression du e-commerce sur l’ensemble des secteurs étudiés (commerce de détail, de gros et 4 branches de services) ».
Les pertes d’emplois les plus importantes ont eu lieu dans le secteur de l’habillement.
Ce n’est pas tout : de nombreux emplois d’Amazon pourraient disparaître avec la robotisation des centres. De plus, Amazon livre déjà un tiers des produits en France depuis l’étranger et a délocalisé en Pologne ses entrepôts d’Allemagne de l’Est pour livrer outre-Rhin en profitant du faible coût du travail dans le pays.

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Ainsi, dans un rapport publié en 2019, nous avions estimé qu’Amazon dissimule 57 % de son chiffre d’affaires réalisé en France, ce qui lui permet de déplacer une grande partie de ses bénéfices vers l’étranger. Cette estimation n’a jamais été contestée par l’entreprise. Depuis, nous avons appris qu’Amazon a réussi l’exploit de payer zéro euro d’impôt sur les sociétés dans toute l’Union Européenne en 2020 et 2021 – malgré des ventes dopées par les confinements – et cela grâce notamment à sa filiale luxembourgeoise.
Cette évasion fiscale massive a bien sûr des impacts négatifs sur les recettes fiscales des États où est présente Amazon. Elle renforce également la position prédominante d’Amazon vis-à-vis de ses concurrents, comme les commerces de proximité, qui paient en proportion de leur activité davantage d’impôts.
De plus, comme nous l’avons montré dans une note en décembre 2020, Amazon et les autres acteurs du e-commerce (Cdiscount, eBay, Wish…) profitent d’une fraude massive à la taxe sur la valeur ajoutée.
Cela renforce la concurrence déloyale vis-à-vis des petits commerces qui acquittent la TVA et doivent donc la répercuter sur leurs prix de vente.

Extraits d’un dossier dans Lignes d’attac d’octobre 2022.

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