100 % d’électricité renouvelable en France, c’est possible

C’est ce que démontrent de récents travaux. Dans leur rapport, effectué à la demande du gouvernement et publié le 27 janvier l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et le Réseau de transport d’électricité (RTE) explorent la possibilité d’un mix 100 % renouvelable à l’horizon 2050. Cette affirmation ne peut ainsi plus être caricaturée comme une simple lubie d’écologistes qui n’auraient pas compris que le soleil ne brille pas la nuit.

« Même si elles doivent encore faire l’objet d’une démonstration à grande échelle, il existe un consensus scientifique sur l’existence de solutions technologiques permettant de maintenir la stabilité du système électrique sans production conventionnelle », indique RTE, qui précise que la sécurité d’alimentation pourra être garantie en permanence. Le rapport de l’AIE-RTE sera complété en octobre prochain par huit scénarii plus précis étudiant les implications d’une part de renouvelables variant entre 50 °/0 et 100 % d’ici 2050.

Ce rapport vient s’ajouter à l’étude menée par le Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement (CIRED) et publiée récemment dans The Energy Journal, montrant qu’en 2050, les renouvelables pourraient couvrir l’ensemble de la consommation électrique française pour un coût proche du mix actuel.

Les chercheurs du CIRED ont ainsi exploré 315 scénarios de coûts des énergies renouvelables en 2050 et leur modèle identifie le mix électrique optimal. Ces scenarii satisfont la demande pour chaque heure de l’année (18 années de données météorologiques ont été étudiées), sans importations ou exportations et sans flexibilité de la demande. Si le mix électrique optimal dépend des coûts des différentes technologies en 2050, le coût total du système électrique reste stable à 52 euros par mégawattheure, très proche de l’actuel. Le parc ainsi optimisé est constitué à 46 % d’éolien terrestre, 31 % de photovoltaïque, 11 % d’éolien offshore, 6% d’hydraulique de rivière, 3 % de biogaz et 3 % d’hydraulique de lac.

Selon Philippe Quirion, chercheur au CIRED et co-auteur de l’étude, « ces technologies sont largement substituables. Si par exemple le photovoltaïque s’avère être plus cher que ce que l’on pensait, on peut faire plus d’éolien et vice-versa. » Choisir un système électrique sur la base d’une anticipation erronée des coûts n’entraînerait un surcoût éventuel que de l’ordre de 4 %, ce qui en fait un choix sans regret. Par ailleurs, le stockage n’impacte pas tant le coût du système électrique. « On entend beaucoup de messages qui disent que si l’on met que des énergies renouvelables variables, le coût de gestion va exploser mais ce n’est pas ce que l’on observe : le coût du stockage reste entre 15 % et 23 % suivant les scénarii », rappelle Quentin Perrier, chercheur à l’Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE) et co-auteur de l’étude.

Ces scénarii supposent certes des évolutions importantes. Mais le maintien du nucléaire, lui, exigerait des investissements colossaux pour prolonger la durée de fonctionnement des réacteurs existants et surtout en construire de nouveaux…
Pour maintenir ne serait-ce que 20 – 25 % de nucléaire dans le mix en 2050, il faudrait qu’à partir de 2035, une paire d’EPR sorte de terre tous les 5 ans – et ce sans compter sur d’éventuels retards. Un choix de société s’impose donc entre d’un côté, un système énergétique sobre, renouvelable, décentralisé et résilient et, de l’autre, le maintien d’une technologie chère, dangereuse, productrice de déchets ingérables et vulnérable aux aléas climatiques.

Article d’Anne-Lise Devaux et Charlotte Mijeon dans la revue Sortir du nucléaire d’avril 2021.

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