Sanctuariser le progrès

« Certes, il a toujours été admis qu’en principe, en démocratie, le peuple peut décider de tout. Il n’empêche : selon notre conception occidentale du droit, il existe des progrès irréversibles ( par exemple, la démocratie, la liberté du culte, l’interdiction du travail des enfants, l’abolition de la peine de mort) qu’un vote simple ne peut défaire. Admettre qu’on puisse remettre en cause des acquis, revient à nier la notion même de progrès. »
Jacques Attali, « Sanctuariser le progrès », L’Express, 20 juin 2016.

L’indéboulonnable Attali s’offusque que les Britanniques puissent décider par référendum de leur appartenance à l’Union européenne. Cette liste des « progrès » sur lesquels nous ne pourrions pas revenir est bien sûr extensible à tous les avatars de la modernité : l’Europe libérale, la Science, la Croissance, la Propriété de rente, la Reproduction artificielle de l’humain, le « droit de travailler le dimanche » (« acquis » vanté par François Hollande), etc.
Bref, ce grand prédateur craint tout de même que sa prose ne passe pour anti-démocrate : « Certains ne verront dans cette prise de position qu’une tentative désespérée d’une oligarchie dépassée pour maintenir un ordre démodé, en méprisant les désirs des peuples. » Il n’en est rien nous rassure-t-il. Ouf !

Article dans le journal La Décroissance de juillet-août 2016.

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