Propagande

Comment dit-on « licenciement de masse » en 2020 ? « Plan de sauvegarde de l’emp1oi »…
« La propagande est à la société démocratique ce que la matraque est à l’État totalitaire », écrit le linguiste Noam Chomsky. Constat lucide : si la propagande moderne est née au toumant des XIXe et XXe siècles, c’est parce que dans l’Occident tout juste démocratisé, la bourgeoisie craignait de perdre son pouvoir. Comme elle ne pouvait plus l’imposer au peuple par la simple force, il a fallu trouver un autre moyen.

« Le public doit être mis à sa place, afin que les hommes responsables puissent vivre sans crainte d’être piétinés ou encornés par le troupeau de bêtes sauvages », expliquait sans fard Walter Lippmann, un des premiers théoriciens de la manipulation de l’opinion publique. Edward Bernays, précurseur du métier de « conseiller en relation publique » rêvait à voix haute : « Si l’on parvenait à comprendre le mécanisme et les ressorts de la mentalité collective, ne pourrait-on pas contrôler les masses et les mobiliser à volonté sans qu’elles s’en rendent compte ? »

Collés à cet objectif, les propagandistes du XXe siècle se sont appuyés sur différentes sciences sociales, développant de machiavéliques procédés de manipulation de masse. « Ces techniques pouvaient parfois donner quelques résultats dans le domaine du marketing, mais ce n’était rien en comparaison de ce qu’on connaît aujourd’hui, alarme l’historien David Colon. Car le propagandiste du XXe siècle s’appuie aussi sur les [derniers] acquis de l ‘économie comportementale, des neurosciences, de la psychologie sociale, sur la connaissance des biais cognitifs des individus ou encore la psychologie évolutionniste. Autrement dit, il a des outils extrêmement précis pour façonner un dispositif de persuasion lui permettant d’obtenir très exactement ce qu’il recherche. Et toutes ces techniques ne cessent de progresser… »

Exemple particulièrement préoccupant de propagande high tech : la publicité politique ciblée sur les réseaux sociaux, telle qu’elle se pratique communément aux États-Unis, notamment dans le camp de Donald Trump. En récupérant les données personnelles des électeurs, on peut établir leur profil psychologique spécifique, et donc leur adresser des messages collant au plus près de leurs attentes, quitte à donner sans vergogne dans la fake news ou la promesse qui n’engage que celui qui y croit…

Dans l’Hexagone, la chaîne CNews ne s’embarrasse pas de procédés sophistiqués : les idées d’extrême droite sont tout simplement rabâchées à longueur de journée. Une ligne éditoriale partisane qui fait florès dans le paysage audiovisuel français, imprimant sans relâche ses idées néofascistes dans le cerveau du public.

Extrait d’un article d’un dossier « propagande » dans le mensuel CQFD de novembre 2020.

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