Passer à la caisse

Les macronistes, Jupiter en tête, font leur tronche condescendante de premier de cordée et donnent dans la pédagogie patiente mais excédée qu’on réserve au cancre bas de plafond : « Ô peuple simplet à jaune gilet, vous rejetez les impôts, mais ne comprenez-vous pas, dans votre abrutissement populaire, votre sidération profonde, que si vous voulez des services publics en état de marche et un bilan carbone acceptable, il vous faut non seulement les financer, mais augmenter votre effort ? Écoles, hôpitaux, tribunaux, ça coûte une blinde, grattez-vous le fond des poches, bande de radins ! Pigé ? » Ce qu’on appelle prendre les gens pour des billes.

Imaginons un supermarché. On circule dans les rayons, on emplit son chariot avec la conscience aiguë qu’après, faut passer à la caisse. Au cas où on serait tenté de glisser un article en loucedé, des dizaines de caméras assistées d’antivols et de vigiles surveillent l’action. Alors on passe à la caisse.
Tous ? Non ! Dans ce supermarché-là, les plus gros chariots, croulant sous les gourmandises de luxe, bénéficient d’une issue spéciale : on passe tout droit, on paie pas ! Ce supermarché s’appelle Trésor public. La caisse gratis s’appelle évasion ou fraude, l’une étant la formule légale de l’autre, une échappatoire qui permet à des voleurs, déserteurs, de mettre à gauche (un comble) ce qu’i1s doivent à la collectivité. Faire payer les pauvres, épargner les riches. C’est ça qui jette les gens dans la rue. L’injustice. Énorme, flagrante, cynique. Pigé ? Non. Le macroniste ne veut pas le savoir, il n’est ni de gauche ni de gauche.

Article d’Isabelle Alonso paru dans Siné mensuel de février 2019.

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