Le cauchemar grec

Nous sommes nombreux à avoir la gueule de bois car l’espérance grecque est en train de tourner au cauchemar pour la gauche radicale européenne. Non seulement l’accord calamiteux arraché à Alexis Tsipras le 13 juillet par l’Union Européenne, après le succès pourtant du référendum du 5 juillet, est inapplicable et enfoncera un peu plus la Grèce dans la récession mais il ne pouvait logiquement conduire qu’au sabordage programmé de Syrisa et aux désillusions au sein de toutes les gauches écologiques européennes !
Nous constatons une fois encore que pas plus ce référendum que ceux des autres peuples qui refusaient la constitution européenne ne sont écoutés. Giscard d’Estaing avait raison : cette Union Européenne est bien conçue pour rendre toute transformation de la société juridiquement impossible !
[…]
Ce cauchemar grec doit nous interroger sur nos propres pratiques politiques. Il pose d’abord une série de questions politiques mais aussi morales. Alexis Tsipras n’est pas un traître mais il pense qu’il n’avait pas d’autres choix que d’accepter ce diktat qu’il sait pourtant être mauvais pour son peuple.
[…]
La principale faiblesse de Syriza est d’avoir été un cartel d’organisations et non pas, comme Podémos en Espagne, la traduction politique d’un mouvement social, une autre façon de concevoir et de faire de la politique. Nous souffrons en France avec un « Front de gauche de papier » de la même maladie électoraliste qui empêche de faire de la politique autrement. Les accords entre le PG et EELV (plutôt sans le PCF) sont-ils si différents ? Cette campagne des Régionales a très mal commencé avec ses petits jeux d’appareils. J’ai bien peur que nous ne soyons pas encore à l’heure de la recomposition. Il ne suffit pas de se débarasser de la droite d’EELV avec les démissions heureuses de Jean-Vincent Placé, de François de Rugy et de quelques autres, il ne suffirait pas plus de se débarasser de la droite du PS, des productivistes du PC, des arrivistes et carriéristes d’ici et d’ailleurs. Tout cela est certes nécessaire mais sacrément insuffisant.

Extraits de l’éditorial du journal Les Zindigné(e)s de septembre 2015.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *