La Résistance

La Résistance, celle de la Deuxième Guerre, ça fait vieillot, d’un autre temps. Pourtant, il faut jeter un œil dans ce rétro. Savoir d’où on vient, pour choisir où on va. La Résistance fut la réponse de Français très minoritaires et de pas mal d’étrangers (indésirables mais bienvenus quand il s’agit de mourir pour la France) à l’invasion nazie. À l’époque, l’extrême droite, la droite et le patronat choisirent le plus souvent Pétain et la collaboration.
À la fin de la guerre, le Conseil national de la résistance impose ses réformes à un patronat rendu muet par ses trahisons. Le sang des morts nous octroie Sécu, retraite, liberté de la presse, résistance aux puissances de l’argent…
L’extrême droite d’aujourd’hui est l’héritière directe de l’extrême droite d’hier. La gauche d’aujourd’hui est l’héritière de pas mal de saloperies (politique coloniale de la France, misogynie, imprégnation stalinienne, bureaucratie) mais aussi et surtout de l’esprit frondeur, inventif et joyeux des Lumières, de la Révolution, de la Commune, du Front populaire, de mai 68. Et, bien sûr, de la Résistance. Ce qui reste beau aujourd’hui vient de ce creuset-là.
Depuis trente ans, l’énergie du patronat consiste à « sortir de 1945… défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance » (1) ! Le tandem Hollande-Valls, d’un cynisme abyssal et d’une lâcheté stratosphérique, participe avec entrain à la démolition. Trahit les idéaux de la Résistance quand il urge, question de vie ou de mort, d’en appliquer l’esprit : « Faire en sorte que l’intérêt particulier soit toujours contraint de céder à l’intérêt général, que les grandes sources de la richesse commune soient exploitées et dirigées […] pour l’avantage de tous, que les coalitions d’intérêt […] soient abolies une fois pour toutes, et qu’enfin chacun de ses fils, chacune de ses filles puisse vivre, travailler, élever ses enfants dans la sécurité et la dignité…  » (2)
Je vous souhaite à tou-te-s une belle année de résistance active et imaginative.
(1) Denis Kessler, vice-président du Medef, octobre 2007. Plus clair, tu meurs.
(2) Charles de Gaulle, septembre 1944. Eh oui! Aujourd’hui, au Medef, ll ferait figure de dangereux gauchiste.

Article d’Isabelle Alonso dans Siné mensuel de janvier 2016.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *