La gauche radicale prisonnière de ses tabous

(…) le souverainisme, le protectionnisme, la sortie de l’euro (…)
On serait en 1990, vous me diriez que je reprends les thèmes du Parti communiste français. À l’époque, le Front national était ultra libéral, Jean-Marie Le Pen était un fan de Thatcher et de Reagan et défendait la construction européenne qui était selon lui « une chance » pour moderniser l’économie, réduire le poids de l’État, alléger les charges des entreprises…
Aujourd’hui, le FN pioche largement dans le discours du PC du début des années 1990. C’est incroyable, mais c’est comme çà ! Sur les questions européennes et de mondialisation, le PCF de l’époque avait profondément raison. Seule la régulation par le politique permet de lutter contre la mondialisation. Et il ne peut y avoir de régulation à court terme, efficace, qu’au niveau national. Un espace économique européen a été construit, mais pas la souveraineté populaire qui va avec. Je pense que le drame de la gauche radicale, en particulier du PC, est d’avoir abandonné ce discours alors que le FN opérait un tournant à 180°, devenant le fer de lance de la lutte contre cette mondialisation. Mais la souveraineté nationale n’appartient pas à l’extrême droite. Jusqu’en 1997, le PC l’a considérée comme la condition de la souveraineté populaire. C’est la raison pour laquelle il a refusé la construction européenne, mené campagne contre l’élection du Parlement européen au suffrage universel en disant que ce parlement sans pouvoir servirait juste à légitimer la supranationalité du capitalisme.

Extrait d’un entretien avec Aurélien Bernier dans Siné mensuel de juin 2014.

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