La civilisation du progrès vu par Gandhi

L’Inde n’a pas été écrasée par les Anglais mais par la civilisation du progrès : ainsi s’exprime le jeune Gandhi dans son ouvrage Hind Swaraj, écrit en 1909. Pour décoloniser son pays, le célèbre disciple de Tolstoï appelle à ne plus imiter le modèle de développement européen, à refuser une pseudo-civilisation qui dé-civilise, un progrès anti-progrès qui rend les hommes esclaves de l’économie. Chasser les colons par la terreur est une voie sans issue, estime l’apôtre de la non-violence : les Indiens ne pourront se libérer que quand ils choisiront de s’autolimiter, de refuser la course à la puissance, de rejeter ce vaste marché que l’Empire Britannique aimerait étendre sur le monde entier. L’autonomie politique exige une maîtrise de soi, une discipline individuelle et collective allant jusqu’à la désobéissance civile. C’est par la tempérance, l’entraide, le travail manuel, la reconquête de savoir-faire (incarnée notamment par le rouet) que les Indiens pourront préserver leur société millénaire et leur indépendance paysanne, contre l’urbanisation, l’enfermement dans des usines, l’asservissement à de nouveaux besoins, la modernisation à marche forcée et la soumission aux machines.

Extrait d’un article paru dans le journal La Décroissance de février 2015.

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