Greta Thunberg

Les riches des pays riches, dont elle (Greta Thunberg) fait manifestement partie avec sa famille, Greta les pourfend pourtant à la tribune de la COP24. Elle accuse la petite minorité qui vit dans le luxe, appelle à abandonner l’illusion d’une « croissance verte éternelle » et à arrêter de brûler les combustibles fossiles : c’est une « question de survie ».

À Davos, elle prie les milieux d’affaires de bien vouloir s’alarmer de la situation écologique. Il faut paniquer et agir dans l’urgence, puisque « la maison brûle », dit-elle en paraphrasant Jacques Chirac. Sourcils froncés, Mademoiselle Thunberg tance les adultes : « Vous n’êtes pas assez matures »… « Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout et pourtant vous leur volez leur futur »…
Et tout le monde applaudit à la fin de sa prestation.

Les anciennes générations futures

Toute cette agitation laisse une forte impression de déjà-vu. Jouer sur les émotions, mettre en avant des porte-paroles des « générations futures » pour dire qu’il faut prendre soin de notre petite planète, c’est un scénario typique de la superproduction verte depuis des décennies.

Le sommet de la Terre de Rio, en 1992, avait ainsi braqué les projecteurs sur l’adolescente Severn Cullis-Suzuki qui avait tenu sensiblement le même discours que Greta Thunberg tient aujourd’hui. Elle aussi craignait que l’avenir fût compromis, accusait les pays riches de surconsommer et demandait aux gouvernants d’agir : « Vous, les adultes, vous dites que vous nous aimez. je vous mets au défi : faites que vos actions reflètent vos paroles. »
Et tout le monde applaudissait.

À l’époque, la déclaration de Rio gravait dans le marbre le principe du développement durable (lire COP Business) tel qu’il avait été défini par le rapport Brundtland quelques années plus tôt : « Le développement durable, c’est s’efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures. Il ne s’agit en aucun cas de mettre fin à la croissance économique, au contraire ».

Le souci de protéger l’environnement pour les « générations futures » – sans jamais contester l’expansion illimitée -, on le trouve affirmé par les Nations unies depuis le premier Sommet de la Terre, organisé à Stockholm en 1972.

Dès que la préoccupation écologique se répand dans les grandes puissances industrielles au tournant des années 1960-1970, plane une inquiétude sur la survie même de l’humanité, et donc le sort de la jeunesse.
« Quelle Terre laisserons-nous à nos enfants ? » : la question lancinante que pose le titre d’un livre de Barry Commoner en 1969, question qui ne cesse d’être posée par l’écologie politique depuis une cinquantaine d’années, témoigne bien de la menace existentielle qui nous saisit face au développement explosif de la science et de la technique.
« En tant que biologiste je suis parvenu à cette conclusion : nous avons atteint une phase critique de notre vie sur terre », alertait Barry Commoner, qui prévenait : « Si nous voulons survivre, nous devons prendre conscience des effets nuisibles des innovations techniques ».

Extrait d’un article de Pierre Thiesset dans le journal La Décroissance d’avril 2019.

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