Grand contournement ouest de Strasbourg

Les juges du tribunal administratif de Strasbourg nous expliquent qu’ils ont « un doute sérieux quant à la légalité du saucissonnage du dossier du Grand Contournement ouest de Strasbourg et de ses impacts, mais qu’ils ne suspendent pas les travaux préparatoires à titre exceptionnel, car ceux-ci s’accompagnent de troubles à l’ordre public nécessitant la présence des forces de l’ordre.

En résumé: on pense que le GCO est illégal et mauvais, mais parce que la majorité de la population lutte contre, avec les pasteurs, les jeunes, les anciens, les maires, les députés… on ne l’interdit pas.
Comment font-ils pour garder leur calme la-bas ?
Militant habitué des luttes de terrain en France, Yves agit à Notre-Dame-des-Landes, à Bure contre l’enfouissement des déchets nucléaires, et donc ici, à l’ouest de Strasbourg. Là où l’État et la justice déroulent le tapis rouge à la multinationale Vinci, qui détruit petit à petit 350 hectares de magnifiques forêts et de terres nourricières pour y installer un contournement autoroutier.
Une route à péage à plus de 360 millions d’euros, dont la moitié d’argent public, pour un grand projet inutile et imposé (GPII), vieux de près d’un demi-siècle.

« J’en ai vu des scandales, mais c’est la première fois que je vois une telle succession de passages en force, de mépris, de foutages de gueule complets.
C’est une preuve de plus que la démocratie à la française, si elle a jamais existé, est morte et enterrée. Sa tombe vient même d’être profanée. L’État et Vinci en ont profité pour chier dessus. »
[…]
Début juillet, une commission d’enquête publique avait pourtant rendu un avis défavorable au projet. C’était même la septième fois qu’une instance indépendante se prononçait contre le GCO, principalement pour des raisons environnementales (défrichements, mise en danger du fameux « grand hamster d’Alsace »…). Las, la préfecture a choisi… de s’en moquer royalement.

Le 10 septembre à l’aube, plus de 500 gendarmes mobiles évacuent la zone à défendre du Moulin, à Kolbsheim, occupée depuis un an.
Près de 200 personnes étaient réunies dans la petite clairière jouxtant le moulin, en face de vergers pluriséculaires. Le tout avec l’accord du propriétaire des lieux, un châtelain, mais aussi l’aide de la plupart des élus locaux et autres députés (y compris LREM), tous gazés et violemment secoués.

Les pandores auront même marché sur Germaine, 89 ans, l’une des figures de la lutte, qui peinait à se sauver avec son déambulateur. Cette habitante du village était si choquée qu’elle tenta de convertir ceux qui la bousculaient : « Elle est si belle, ma forêt. Il faut venir nous aider de partout. À mon âge, je n’ai plus tellement de choses à attendre de la vie. Mais je le fais pour la planète, pour les jeunes générations et pour vous. »

Extraits d’un article de Sébastien Bonetti dans le mensuel CQFD d’octobre 2018.

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