Dette, protectionisme, lutte des classes, la bataille des idées.

Dans l’aquoibonisme ambiant, je tenais à rappeler çà : qu’on avance. Qu’on a déjà avancé. Jamais aussi vite qu’on le voudrait, évidemment. Mais que de chemin parcouru, en une poignée d’années ! Et je tenais à le rappeler maintenant. Pourquoi maintenant ?

Parce que nous ne sommes pas, pas encore, au cœur de la tempête. Nous vivons comme un palier dans la crise, un temps suspendu. Des choses bougent, dans les têtes, dans les urnes, mais sans fracas pour l’instant, comme en souterrain.

Profitons-en. Que nos armes soient affûtées pour les prochaines secousses. Que nous ne rations pas le coche, cette fois. Car que s’est-il produit, en 2008, après la chute de Lehman Brothers ? Nos adversaires eux-mêmes, les libéraux, déclaraient leur système coupable, pourri, pervers, et promettaient qu’ils ne recommenceraient plus. Ils ont recommencé. Cinq ans plus tard, tel un phénix renaissant de ses cendres, leur système coupable, pourri, pervers, est à nouveau debout. Mais la faute à qui ? Parce qu’ils étaient trop forts ou parce que nous étions trop faibles ? Un boulevard était ouvert, mais nos idées n’étaient pas mûres, et sans force politique pour les porter, et nous avons défilé, par trois fois, par millions, au printemps 2009, avec ce slogan creux, insignifiant : Nous ne paierons pas leur crise.

C’est la mère des batailles, les idées. Si on la perd, ou qu’on ne la mène pas, si les esprits ne sont pas conquis et prêts à conquérir, difficile, derrière, de se lancer dans les luttes sociales, dans l’affrontement électoral – ou alors sur des bases fragiles, étriquées.

Extrait d’un dossier « La bataille des idées » signé François Ruffin dans le journal Fakir n°62 de septembre 2013.

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