Casse de l’hôpital public

Au fond, je vois cette épidémie comme une forme de surligneur. Elle met en évidence cette casse de l’hôpital public qu’on dénonce depuis tant de temps.
On voit bien qu’on manque de places, de personnels, de matériel, que tout est saturé, qu’on pourrait faire bien mieux, et tout cela souligne l’absurdité de la gestion financière de l’hôpital. C’est une violente mise en lumière des dérives. Et même si Macron reprend désormais nos éléments de langage, parce qu’il a le nez dedans, ce sont juste des effets d’annonce. Quand il annonce un futur « plan massif d’investissement pour l’hôpital », personne ne le prend au sérieux. […]

J’ai l’impression que cette manière de nous traiter en héros est complètement surjouée, qu’elle ne correspond en rien à la réalité. Parce qu’en pratique on n’a pas le matériel pour se protéger, ni les ressources humaines. On va avoir plein de gens en épuisement. Pour l’instant on dispose de masques, mais ça ne durera pas forcément. Sachant que les règles n’arrêtent pas de changer et que leur « longévité » augmente : désormais, un masque peut faire la journée.
Dans le même temps, les consignes d’hygiène ont changé, avec un niveau d’exigence à la baisse. On n’est plus obligés de mettre de gants ou de charlottes, même au contact des malades. Autre problème : on pourrait manquer de respirateurs […]

Les effets d’annonce du gouvernement me semblent totalement hypocrites. Je suis convaincu que leur système de pensée n’est pas remis en cause, qu’ils reprennent juste un discours conciliant. Au fond, c’est la suite qui va être importante. Il y aura des comptes à rendre. C’est ce que je vois par exemple au sein du collectif Inter-Hôpitaux : tout le monde prévoit de passer à l’offensive,
avec des personnes qui ont déjà porté plainte contre des membres du gouvernement.

Pour ma part, j’envisage la période à venir avec beaucoup d’inquiétude. Il y a cette impression qu’on est lâchés en pleine débâcle et que notre santé à nous importe peu. Quand on voit qu’ils ont tardé à fermer les écoles et ont tenu à organiser les municipales, on se dit qu’ils vivent dans un autre monde – c’est criminel. Comme était criminelle cette première communication visant à faire
passer le virus pour une grosse grippe. Ok, ce n’est pas la peste. Mais beaucoup de gens vont mourir. Et les gens au pouvoir et ceux qui ont démantelé l’hôpital public porteront une grande responsabilité dans ce désastre.

Extraits d’un témoignage d’un médecin réanimateur dans le mensuel CQFD d’avril 2020.

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